Oleksii
"Je ne vis que pour les nouvelles de Kharkiv.
Toute ma famille est restée là-bas."
Oleksii a 80 ans. Il a vécu toute sa vie à Kharkiv. Il est arrivé en France sans aucun membre de sa famille et peine à trouver ses repères à Thônes où il vit désormais. Il espère rentrer en Ukraine.
J’ai travaillé toute ma vie à l’usine mais j’étais à la retraite depuis deux ans quand la guerre a éclaté. J’ai eu une bonne vie. Il m’est très pénible de me remémorer ces années-là. C'est très dur. A Kharkiv, j’habitais un nouveau quartier, il y avait des bombardements presque tous les jours.
Les avions volaient si bas au-dessus de nos maisons que nous pouvions ressentir toutes les vibrations. Je devais à chaque fois descendre du 5ème étage et rejoindre des sous-sols qui n’étaient pas aménagés pour recevoir autant de gens. Ils étaient infestés de rats et de souris.
Je suis arrivé en France en avril 2022, grâce à une amie qui connaissait des gens ici. Nous sommes passés par la frontière avec la Pologne. Ses amis nous ont accueillis et ils nous ont immédiatement conduits auprès des bénévoles de la Croix-Rouge.
Toute ma famille est restée là-bas : ma fille, mon fils, ma petite-fille, mon arrière-petit-fils. J’aimerais tant rentrer chez moi. Je ne vis que pour les nouvelles de Kharkiv. Je parle constamment à ma fille. Je suis très inquiet pour mes proches. La situation est très difficile là-bas. Il n’y a presque pas de travail, ils reçoivent des allocations de l’État.
A cause du stress, ma santé s'est fortement dégradée, je suis suivi à l’hôpital. L'Etat français et la Croix-Rouge prennent grand soin de nous, ils nous nourrissent et ils nous aident pour tout. Je voudrais leur transmettre ma profonde gratitude. J’ai beaucoup de chance d’être en France.