Valentyna

Valentyna a soixante-dix ans, elle vient de Karkhiv. Elle est arrivée récemment à Thônes, en Haute-Savoie, où elle retrouve les paysages de montagne qu’elle aimait tant en Ukraine.

J’ai travaillé toute ma vie à Karkhiv. J’étais dans la police jusqu'à l'âge de 40 ans, puis j’ai monté avec mon mari une entreprise de produits chimiques ménagers. Pour notre retraite, nous sommes partis vivre en Crimée. Nous avons acheté une maison en bord de mer, mais les troupes russes ont envahi la Crimée en 2014 et nous avons dû tout quitter. Nous n’avons vécu que sept mois dans notre maison et nous l'avons vendue pour une bouchée de pain.

Nous sommes revenus nous installer dans la région de Kharkiv, dans une petite maison où nous avions un jardin et où nous élevions des chèvres. Nous avons vécu là jusqu'en 2022, jusqu'à ce que la guerre frappe à nouveau et nous enlève notre deuxième maison.

Je suis restée à Kharkiv jusqu'au dernier moment. Je me suis décidée à partir quand un obus a explosé tout près de chez moi. Mon mari et moi étions déjà loin l’un de l’autre à ce moment-là. Il est handicapé, il a préféré rester en Ukraine.

J’avais une amie d'enfance qui vivait en France depuis un an et demi. Je l'ai appelée, je lui ai dit : « Une école près de chez nous a été bombardée, à 500 mètres. J’ai peur de rester ici ». Elle m’a répondu : « Viens, viens… on va trouver une solution.. . »  J’ai fait un long voyage mais j’ai pu finalement la rejoindre. Nous avons appelé la Croix-Rouge et ils m’ont trouvé une place ici. 

J'aime beaucoup la France, les gens sont très gentils. Les montagnes que je vois depuis ma fenêtre me rappellent ma patrie. Je fais beaucoup de marche dans la nature ici. En Crimée aussi, il y avait  de belles montagnes. Je les ai presque toutes parcourues avec mon mari. Vous savez, je n’aimerais pas vivre sous le drapeau russe. S’ils envahissent toute l’Ukraine, je ne reviendrai jamais.