Ukraine, 2021
Paris, 2024

Margot

"Je rêve de m'asseoir avec ma mère dans la cuisine et boire du thé ensemble."

Marharyta est originaire de la ville de Dnipro, à deux cents kilomètres de Kharkiv. Elle a fait le voyage seule à 16 ans et depuis deux ans, elle est hébergée au sein d’un établissement pour mineurs non accompagnés géré par la Croix-Rouge française en région parisienne. 

Je m'appelle Marharyta , mais j'aime bien quand on m'appelle Margot. J'ai vécu dans une petite maison de la banlieue tranquille de Dnipro. Je suis arrivée en France en avril 2022.  Au départ, j'étais venue rendre visite à un ami ukrainien qui avait quitté le pays, je devais rester deux semaines mais ma mère m’a poussée à ne pas rentrer.

Paris, 2024 © William Keo / Magnum Photos
Paris, 2024 © William Keo / Magnum Photos
Paris, 2024 © William Keo / Magnum Photos
Paris, 2024 © William Keo / Magnum Photos

C'était la première fois que je voyageais seule dans un endroit aussi éloigné. C’était très effrayant. J’ai dû apprendre le français en quelques mois pour entrer au lycée en septembre. Depuis, j’ai passé un Bac professionnel. Je travaille comme secrétaire adjointe dans une petite entreprise. Je suis fière de ce que j'ai accompli. J'ai 18 ans maintenant, mais je suis arrivée en France à l'âge de 16 ans et pour moi, la guerre a vraiment été un tournant.

Ma mère et mes deux jeunes frères sont restés en Ukraine. Je m'inquiète pour eux. Ils me manquent énormément. Parfois, je rêve de m'asseoir avec ma mère dans la cuisine le soir, et de boire du thé avec elle, ou simplement de lui faire un câlin en regardant un film. Nos pâtisseries me manquent aussi. J'adore les croissants, mais nos petits pains aux cerises, c’est autre chose !

Petrokhiv, 2006 © Carolyn Drake / Magnum Photos
Petrokhiv, 2006 © Carolyn Drake / Magnum Photos

Je pense que je vais continuer de vivre en France mais je ne veux pas renoncer à ma citoyenneté. Je suis très fière d'être Ukrainienne. Avant la guerre, je ne percevais pas trop  la valeur de notre culture. Je n’avais pas remarqué à quel point notre pays, nos traditions, notre langue sont magnifiques. Quand je suis arrivée en France, j'ai eu une conversation avec un volontaire de la Croix-Rouge qui m'a dit :

"Vous savez, je vous regarde et je me dis que vous, les Ukrainiens, avez eu beaucoup de malheurs dans votre vie, mais je n'ai jamais rencontré un seul Ukrainien qui était triste. C'est comme si vous étiez invincibles. Quoi qu'il arrive, vous gardez votre joie de vivre".

Je me souviendrai toujours de cette conversation.

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