Urgences Haïti

Haïti : une longue succession de tragédies

Haïti se situe dans un espace géographique particulièrement soumis aux aléas climatiques et sismiques. Environ 90 % de sa surface et 95 % de sa population sont exposées au risque d’au moins deux aléas, notamment des ouragans, des inondations, des tremblements de terre, des glissements de terrain et des sécheresses. Le pays subit régulièrement des cyclones majeurs, dont certains sont particulièrement meurtriers. Le choléra, devenu endémique depuis un premier pic en octobre 2010, a également contribué à affaiblir les Haïtiens. À cela s’ajoute une situation d’insécurité alimentaire qui affecte une large partie de la population, toujours plus impactée par l’enchaînement des catastrophes.

Les populations haïtiennes affectées par les aléas et les diverses catastrophes naturelles vivent en majorité dans les départements du Nord-Ouest, du Sud-Est, du Sud et de l’Artibonite, où la Croix-Rouge française est présente depuis la fin des années 1990. Les facteurs de cette crise sont multiples, dus en partie aux cyclones qui ravagent l’agriculture, à la hausse des prix des denrées sur le marché, mais aussi à des problèmes récurrents qui affectent surtout les personnes les plus vulnérables. Haïti est le pays le plus pauvre des Amériques et souffre, de façon chronique, d’instabilité économique, sociale et politique.

Une histoire complexe

L’île d’Hispaniola est découverte par Christophe Colomb en 1492. Elle est alors habitée par des populations autochtones qui seront rapidement décimées par les travaux forcés d’extraction d’or. Pour remplacer cette main d’œuvre, les colons font appel à des esclaves africains. Avec les Mulâtres (métis), ils sont les ancêtres de l’immense majorité des Haïtiens. Au XVIe siècle, les Français s’installent sur les terres abandonnées par les Espagnols. Ces nouveaux colons ont eux aussi recours aux esclaves africains pour travailler dans les plantations. En 1791, ils commencent à se révolter et l’armée française capitule en 1803. L’indépendance est proclamée quelques mois plus tard, faisant d’Haïti la première république noire libre. En 1910, les États-Unis affirment leur présence en Haïti. Ils y construisent des voies ferrées et chassent les paysans sans titre de propriété. La répression américaine fait 15 000 morts et provoque le départ de 250 000 paysans vers Cuba et la République Dominicaine. Les États-Unis quittent Haïti en 1934. 

En 1957, François Duvalier, dit « Papa Doc » est élu président. Il impose dès le début de son mandat une politique dictatoriale, avec l’instauration d’une milice paramilitaire, les « tontons macoutes ». Il se proclame président à vie et, en modifiant la Constitution, désigne son fils comme successeur. En 1971, Jean-Claude Duvalier, 19 ans, accède à la présidence du pays. On le surnomme « Baby Doc ». Comme son père, il tient le pays d’une poigne de fer. En 1986, il est renversé par un soulèvement populaire. S’en suit une longue période qui comprend de nombreux soubresauts politiques, jusqu’à l’élection de Jovenel Moïse en 2016. Il reste en poste plus de quatre ans, avant d’être assassiné en 2021. Depuis, l’intérim est assuré par le gouvernement dirigé par le Premier ministre, Ariel Henry.

2004 : inondations et tempête tropicale

Inondations et coulées de boues en mai

Des pluies torrentielles s’abattent sur Haïti du 23 au 24 mai. Elles provoquent d’importantes inondations et coulées de boue. Bilan : 1 200 morts, 1 400 disparus et 31 000 personnes sinistrées. La Croix-Rouge française, avec le CICR et la Croix-Rouge haïtienne, concentre son action sur la région de Mapou. Les familles ont besoin d’abris et de nourriture. La situation des zones sinistrées, à 6h de route de Port-au-Prince, est une difficulté supplémentaire pour l’intervention des secours.

Ouragan Jeanne en septembre 2004

La tempête tropicale Jeanne est la quatrième à toucher les côtes de la Floride en 2004. À son maximum, elle atteint la catégorie 3 sur l’échelle de Saffir-Simpson et s’abat successivement sur les Îles Vierges, Porto Rico, la République dominicaine, le nord-est des Bahamas et la Floride. Haïti est le pays le plus durement impacté avec 3 000 morts.

Du fait de la déforestation massive, ces pluies torrentielles ont provoqué des inondations et des glissements de terrain dévastateurs, dans les départements de l’Artibonite et du Nord-Ouest, affectant 300 000 personnes. Les dommages sont particulièrement importants dans la ville côtière des Gonaïves, touchant 80 % des 100 000 habitants. L’hôpital est envahi par la boue ainsi que de nombreuses maisons. Récoltes, foyers et bétails sont détruits. Le système de distribution d’eau est sévèrement endommagé, l’accès à l’eau propre est une urgence afin d’empêcher la propagation de maladies causées par l’eau polluée. 

Nous envoyons alors 11 membres de nos équipes d’urgence (ERU) et 94 tonnes d’aide d’urgence pour les milliers de personnes sans abri. Les équipes « eau et assainissement » travaillent sans relâche, dans des conditions éprouvantes, réussissant à monter en moins de 10 jours un réseau d’approvisionnement en eau d’une capacité maximum de 600 000 litres par jour (soit 15 litres par personne et par jour pour 40 000 personnes).

Haïti 2008-2009 : la répétition des catastrophes

Les années 2008 et 2009 marquent durablement la mémoire des Haïtiens. À peine quatre ans après les événements de 2004, l’île est à nouveau impactée lourdement par des tempêtes, ouragans et autres catastrophes. Notre présence de longue date (1994), aux côtés de la Croix-Rouge haïtienne, des autres Sociétés nationales du Mouvement et de la FICR (Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge) nous a permis d’être aux avant-postes des réponses à apporter à des populations meurtries par cette répétition d’événements tragiques.

Le 16 août 2008, la tempête tropicale Fay traverse Haïti et ravage les cultures agraires. Le 26 août, l’ouragan Gustav impacte la presqu’île du sud du pays, faisant 77 morts et des dégâts matériels considérables. 15 000 familles sont affectées par cette tempête qui détruit, entre autres, 3 000 maisons et de nombreuses infrastructures.

Moins d’une semaine après, le 1er septembre, l’ouragan Hanna ravage les départements de l’Artibonite et du Nord-Est. Plusieurs villes sont inondées, dont Gonaïves, où l’eau atteint jusqu’à deux mètres de hauteur. Les habitants se réfugient sur les toits pour se protéger. Avec un chiffre officiel qui fait état de 529 morts, le bilan est lourd

Le 6 septembre, l’ouragan Ike touche les côtes septentrionales, provoquant de fortes pluies dans les départements du Nord, de l’Ouest et du Nord-Ouest. À eux seuls, les ouragans Fay, Gustav, Hanna et Ike font plus de 1 000 morts et laissent 800 000 personnes sans abri.

Un an plus tard, le 18 septembre 2009, l’ouest de l’île est touché par des pluies torrentielles qui provoquent des glissements de terrain dévastateurs. Cette succession de drames s’abat une fois de plus sur un peuple déjà lourdement éprouvé par les catastrophes précédentes. En effet, les ouragans de 2008 avaient déjà fortement pénalisé les habitants de cette région. Les premières victimes rappellent aussi que ce pays a déjà été touché par plusieurs catastrophes climatiques de grande ampleur en 2004, dont le bilan humain reste particulièrement élevé. Cette fois, près de 400 personnes sont impactées dans deux villages de l’ouest. Les inondations endommagent gravement les cultures et les clôtures autour des maisons, entraînant la contamination des sources d’eau alors que les systèmes d’eau avaient déjà été détruits suite aux ouragans de septembre 2008.

Nos actions sur le terrain

Dès le mois de septembre 2008, à la demande de la Croix-Rouge haïtienne, c’est sur la région très touchée d’Artibonite que notre action se concentre au départ. Une équipe est déjà sur place dans le cadre des programmes en cours. Trois délégués supplémentaires spécialisés en logistique, abris et eau et assainissement les rejoignent. La PIRAC (Plateforme d’intervention régionale Amérique-Caraïbes) envoie 1 000 kits familiaux hygiène, 1 000 kits cuisine, 3 200 couvertures, 2 000 jerrycans dès le lundi 8 septembre. Un second envoi est effectué une semaine plus tard.

La distribution de ces kits est couplée avec celle de 2 000 kits abris (bâches, corde, scie, marteau, etc.) pour aider le retour des familles dans leur logement, lorsque celui-ci n’a pas été entièrement détruit. La population est d’ailleurs formée à l’utilisation de ces kits. Deux unités de production d’eau, pouvant répondre aux besoins quotidiens de 15 000 personnes, sont aussi installées.

D’autre part, une Equipe de réponse aux urgences (ERU) médicale franco-espagnole est basée aux Gonaïves. Elle est placée sous la coordination de la FICR (Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge). Les Gonaïves, ville très pauvre de 300 000 habitants, est dans un premier temps très impactée par l’ouragan Gustav, ce qui aggrave par la suite les ravages causés par l’ouragan Hanna. L’hôpital principal de la ville est touché et les conditions sanitaires se dégradent très vite. Au regard de la situation, les populations habitant les zones inondables sont déplacées vers la commune de Saint-Marc.

Un mois plus tard, la situation sur le terrain se stabilise, mais les besoins en termes d’alimentation et d’abris persistent. Alors que la région très touchée des Gonaïves reçoit une aide importante de la part des acteurs humanitaires sur place, nous nous redéployons sur les régions moins touchées, mais délaissées jusque-là, d’Anse-Rouge et de Saint-Marc. La période d’urgence passée, les priorités sont la sécurité alimentaire des populations et la reconstruction ou la réhabilitation des habitations.

La distribution de denrées alimentaires à Saint-Marc et à Anse-Rouge, aux côtés du Programme alimentaire mondial (PAM), est complexe, en raison d’une sécurité limitée, des besoins très importants de la population et d’une accessibilité réduite des sites. Heureusement, la météo est propice aux opérations et les inondations n’empirent pas. Cependant, la situation reste grave. Alors qu’Haïti connaissait déjà des émeutes de la faim avant les ouragans, la destruction des moyens de production et des récoltes démoralise totalement la population.

En 2009, une part de nos dispositifs demeure active, s’y ajoute une mission menée suite aux inondations ayant touché l’ouest de l’île en septembre. Elle concerne l'approvisionnement en eau potable pour plus de 800 personnes, ainsi que la distribution en matériel de première nécessité tel que des kits d’hygiène, de nettoyage, etc.

La PIRAC, un allié incontournable

Sans le concours de notre Plateforme d’intervention régionale Amériques-Caraïbes (PIRAC), nous n’aurions pas pu intervenir en Haïti aussi rapidement et efficacement. La zone couverte par la PIRAC correspond principalement au bassin caribéen et plus précisément aux petites Antilles et au plateau des Guyanes (Guyana, Suriname, Guyane). Cette région subit régulièrement l’impact de catastrophes d’origine naturelle (hydrométéorologiques, sismiques et volcaniques, sécheresses, etc.), de plus en plus régulières et violentes avec les effets du changement climatique.

Créée en 2005, la PIRAC possède une expérience reconnue dans la zone. Elle est un partenaire privilégié pour les Sociétés nationales de la région, qui ont signé avec elle des accords de coopération parmi lesquelles, Haïti, Dominique, Barbade, Sainte Lucie, Jamaïque, Suriname, de même que la FICR.

2010 : série de catastrophes meurtrières en Haïti

En 35 secondes, près de la moitié des habitations de Port-au-Prince, la capitale haïtienne, et de ses environs est réduite en poussière. Le séisme du 12 janvier 2010, d’une magnitude de 7,3 sur l’échelle de Richter, dont l’épicentre est situé dans la zone la plus peuplée de l’île, fait 222 570 victimes, plus de 300 000 blessés et laisse 1,3 million de personnes sans abri. Dans les heures qui suivent, la Croix-Rouge française déploie l’ensemble de ses moyens humains et matériels.

Nous avons été mobilisés dès les premières heures qui ont suivi le séisme, aux côtés de nombreuses autres Sociétés nationales du Mouvement Croix-Rouge/Croissant-Rouge déployées sur le terrain à Port-au-Prince. Sains et saufs mais très choqués, nos deux délégués en mission sur place évoquent un chaos total dans la capitale haïtienne. « Elle n’est plus qu’un amas de décombres, surplombé par un énorme nuage de poussière qui rend la ville invisible du ciel. » Nos volontaires ont passé la nuit à secourir les blessés et à les évacuer vers les hôpitaux. Les locaux de la Croix-Rouge française, partagés avec la Croix-Rouge canadienne, ont tenu bon. En revanche, les bureaux de la Croix-Rouge haïtienne ont été détruits.

Les délégations territoriales de la Croix-Rouge de Guadeloupe et de Martinique ont été un maillon essentiel de la chaîne des secours, en assurant entre autres l’accueil des ressortissants français d’Haïti en transit et en mettant à disposition des volontaires et du matériel de la PIRAC (Plateforme d’intervention régionale Amériques-Caraïbes). 

Les six premiers mois : répondre à l’urgence

Cinq équipes ERU (Emergency Response Unit) sont mobilisées, soit 93 volontaires spécialisés dans les domaines de la santé, de l'eau, de l'assainissement et de la logistique. Ce qui permet d’acheminer 150 tonnes de matériels de secours en quelques semaines. 35 000 familles reçoivent des produits de première nécessité (couvertures, kits cuisine, kits hygiène, jerricans, etc.). Par ailleurs, 2 000 tentes et 11 000 bâches sont distribuées. 180 000 personnes, réparties sur 66 sites, sont approvisionnées en eau potable quotidiennement. Pour compléter ces dispositifs, 704 latrines et 750 douches sont construites sur 24 sites.

500 enfants reçoivent chaque jour un soutien psychosocial dispensé par des volontaires de la Croix-Rouge haïtienne qui ont été au préalable formés par la Croix-Rouge française. Par ailleurs, 1 700 adultes sont pris en charge par les cellules d’écoute communautaire. Durant les premiers jours suivant le séisme, entre 100 et 200 patients sont examinés quotidiennement dans les deux dispensaires installés à Port-au-Prince. Et, pour être en mesure d’être au plus près des besoins, trois cliniques mobiles assurent plus de 30 000 consultations. Nous avons également contribué au rapatriement de 1 900 personnes sur 47 vols.

La post-urgence : aider à la résilience des Haïtiens

De juin 2010 à décembre 2012, près de 35 délégués en mission internationale sont sur le terrain et 350 salariés haïtiens sont mobilisés en permanence. 178 maisons sont ainsi construites, réhabilitées ou rehaussées. S’y ajoutent 2 420 abris de transition fournis aux familles et 1 815 abris d’urgence renforcés dans les camps.

Concernant les infrastructures hydriques, 38 points d’eau sont construits ou réhabilités, 40 « comités d’eau » sont créés et les participants formés à la maintenance des sites. 330 latrines familiales – pour 3 400 utilisateurs – sont réhabilitées ou construites. Le réseau d’alimentation en eau potable de la ville de Petit-Goâve – 53 000 habitants – est réhabilité et étendu. Et 622 500 messages de sensibilisation à l’hygiène et de prévention contre le choléra sont diffusés. 

Dans le domaine médical, 11 centres de santé – huit à Port-au-Prince et trois à Petit-Goâve – sont réhabilités et les équipes renforcées. 50 600 consultations sont enregistrées dans les centres de santé soutenus par la Croix-Rouge française. Nous sommes aussi intervenus dans le cadre du renforcement des capacités de l’École nationale des infirmières de Port-au-Prince et de l’hôpital de l’université d’État, sur l’optimisation de la gestion administrative et l’appui à la formation des cadres infirmiers.

Réduction des risques de catastrophes

Du matériel d’alerte est distribué aux 46 comités de vigilance montés dans les camps de déplacés. Ils comprennent des mâts et drapeaux de couleur, des radios à manivelle, mégaphones, sifflets, etc. 668 personnes, dont 502 à Port-au-Prince et 166 dans l’Artibonite, sont formées à l’évaluation des vulnérabilités et des capacités de secours au sein de leurs communautés. Par ailleurs, en 2012, on comptait 50 000 personnes de la zone métropolitaine de Port-au-Prince sensibilisées à la réduction des risques de catastrophes.

Rétablissement des liens familiaux

111 dossiers de demande de recherche sont constitués. 49 des 68 enfants haïtiens évacués vers la Guadeloupe et la Martinique après le séisme retrouvent leur famille en Haïti, grâce au travail de recherche de la Croix-Rouge française et du CICR. En métropole, 13 familles haïtiennes ont pu être réunies.

Cinq ans dans les camps de déplacés

En 2015, nous étions l’un des rares acteurs humanitaires encore présent dans les camps, afin d’accompagner les personnes déplacées jusqu’à obtention de solutions pérennes de relogement. Entre 2014 et 2015, le nombre de personnes vivant dans des camps de déplacés à Port-au-Prince est passé de 170 000 à 85 000, répartis sur 123 sites, selon les données recueillies par l’Organisation internationale pour les migrations. Cette baisse considérable a résulté, entre autres, d’une politique gouvernementale de relocalisation. Pour permettre aux personnes de mieux subvenir à leurs besoins et retrouver plus d’autonomie, nous avons mené des programmes de relance économique dans et autour des sites de rassemblement. Nous avons également identifié des centres de santé à proximité et formé le personnel médical à différentes problématiques comme, par exemple, les violences faites aux femmes. Nous avons aussi mené dans ces camps des missions de prévention des risques de catastrophes naturelles, ainsi que des formations et de la sensibilisation des populations à l’hygiène et l’assainissement.

Reconstruire avec les communautés locales

Notre association s’est engagée dans les quartiers de Delmas 7, 9, 11 et 13, à Port-au-Prince. Cette présence dans la durée permet d’accompagner les communautés locales depuis la phase d’urgence – via la distribution d’abris et de produits de première nécessité – jusqu’à la rénovation globale des quartiers. Après la reconstruction d’habitations, la réhabilitation des bâtiments communautaires et des infrastructures, des programmes de développement sont mis en œuvre avec la participation active des comités de quartier. Ils ont pour mission d’assurer la maintenance et l’entretien des routes, des infrastructures et de la ravine qui traverse le quartier de Delmas.

Le Choléra : une menace supplémentaire

Une nouvelle crise surgit en octobre 2010, ralentissant l’aide humanitaire liée au séisme : une épidémie virulente de choléra. L’apparition brutale de la maladie en Artibonite mobilise l’ensemble de nos volontaires sur place. Devant l’ampleur du pic de choléra, sa violence, les premiers cas déclarés à Port-au-Prince et l’inscription dans la durée de cette épidémie, la Croix-Rouge française, en coordination avec la Croix-Rouge haïtienne et la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), accroit ses activités de réponse à l’urgence pour la période et mobilisé des ressources humaines spécialisées.

Devenue endémique en Haïti, un nouveau pic est enregistré en juin 2011 et les équipes réactivent leurs dispositifs de prévention et de traitement. Nos volontaires transportent environ une quinzaine de patients par semaine vers les centres de traitement. 90 foyers sont désinfectés et 1 125 personnes sensibilisées à la maladie.

Au 28 juin, les centres de santé de Port-au-Prince, Gheskio Bicentenaire, soutenu par la Croix-Rouge française, compte 78 patients pour une capacité de 100 lit et Gheskio IMIS affiche complet avec 84 patients. Entre le début de l’épidémie et la fin du mois de juin, ces deux centres prennent en charge respectivement 1 356 et 552 patients. Nos volontaires reprennent également leurs interventions dans 11 unités de traitement du choléra à Port-au-Prince et Petit-Goâve. Plus de 1 100 patients sont hospitalisés dans ces structures.

En trois années, la maladie aura touché 630 000 personnes et fait 8 000 morts, selon le ministère haïtien de la Santé publique et de la Population. Après avoir mis en place et soutenu des unités de traitement du choléra pendant la phase d’urgence, nous avons progressivement soutenu l’intégration de ces dispositifs aux centres de santé, conformément aux recommandations du ministère.

De 2010 à 2015 : accompagnement et reconstruction suite au séisme de 2010

De 2010 à 2015, les équipes françaises ont mis en œuvre des projets de préparation aux risques de catastrophes naturelles dans le département de l’Artibonite en coopération avec la Croix-Rouge haïtienne et les autorités locales, notamment la Direction de la Protection Civile. Ces activités ont permis de former des volontaires et brigadiers à la réponse aux urgences, ainsi que de soutenir le développement de plans de contingence aux niveaux local et régional. La Croix-Rouge a également contribué à la sensibilisation des populations aux risques et aux mesures à prendre en cas de catastrophe.

En cinq ans, le travail des humanitaires a été considérable et la situation a nettement évolué. Le nombre de personnes vivant dans des camps de déplacés à Port-au-Prince est passé de 1,3 million à un peu plus de 85 000, répartis sur 123 sites. En 2015, la Croix-Rouge française a consacré 51,9 millions d’euros à la réponse au séisme de 2010 et reste l’un des rares acteurs humanitaires encore présent dans les camps, afin d’accompagner les personnes déplacées pour obtenir des solutions pérennes de relogement.

Dans les quartiers de Port-au-Prince, la Croix-Rouge française, qui accompagne les communautés locales à Delmas 7, 9, 11 et 13 depuis la phase d’urgence (via la distribution d’abris et de produits de première nécessité), achève ses programmes durant le premier trimestre 2015. Elle finalise la rénovation globale des quartiers et des projets d’aménagement urbain. Ces actions ont été complétées par des activités de relance économique ainsi que des formations pour préparer la population aux risques de catastrophes naturelles, pour prévenir les maladies répandues et les actes de violence. Tous ces projets sont réalisés en lien avec les autorités locales et les communautés concernées, qui participent ainsi à l’amélioration globale de leurs conditions de vie.

Août 2021 : Haïti à nouveau touché par un violent séisme